Guy Ducornet

Il a publié Du punching ball et la vache à lait Ça va chauffer ! ; Les Parasites du surréalisme (Talus d'approche); aux éditions Syllepse, Oblique shocks (2001).


Biographie de Guy Ducornet

Guy Ducornet, passeur d'une Amérique à l'autre L'Amérique n'est pas seulement celle de Coca - Mac Donald, de Disney - Bush et d'ITT - CIA. Heureusement, on se rappelle les pendus de Chicago du 1er mai, Sacco & Vanzetti, quelques airs de Woodie Guthrie et de Pete Seeger. Quelques passeurs nous ont en effet signaler d'autres Amériques, celles des révoltes noires, des Black Panthers, de la soul et du polar engagés, des insoumis de la Black List et des tourments de Dashiell Hammett ou de Philip K. Dick. Passeur, Guy Ducornet l'est : il nous a ainsi permis de découvrir que, lors d'une des premières grandes manifestations contre la guerre du Viet-Nam à New York en 1967, une grande banderole affichait sur fond noir des lettres blanches : " SURREALISM ". Franklin et Penelope Rosemont, avec le groupe surréaliste américain et l'aide transcontinentale de Ducornet, œuvrent toujours au sein du mouvement ouvrier américain, son passé et son avenir. Situé au cœur de l'impérialisme culturel tant honni par les surréalistes européens, ce surréalisme met à hauteur égale poésie et révolution, marxisme et anarchisme, jazz et Bugs Bunny. Quelle libération de l'esprit que d'écouter Parker, Coltrane ou Monk en lisant André Breton. Et vivent les cartoons de 10 minutes, où le non-sens est aussi grand que chez Lewis Carroll et le rythme proche d'une surréalité tant recherchée ! Guy Ducornet séjourne aux États-Unis et au Canada dès 1960 pour étudier puis pour enseigner. Une bourlingue universitaire forge le caractère et noue les amitiés, à condition de sortir des campus. Ducornet quittera même la Route 66 pour découvrir émerveillé les Anasazis, ancêtres des Hopis et des Navajos. Il rencontre les Rosemont dès 1967 et depuis lors il n'a jamais cessé de naviguer entre les deux rives. Ducornet est un intercesseur, rôle qu'il assume généreusement, en infatigable militant. Pour ceux qui ont découvert le surréalisme dans les livres d'histoire et surtout dans les livres académiques, il est celui qui donna un vade-mecum salutaire : son essai Le Punching ball et la Vache à lait : La Critique universitaire nord-américaine face au surréalisme (éd. Deleatur, 1992), reste depuis sa publication - malheureusement est-on tenté d'écrire - une lecture obligatoire pour rire, s'énerver et surtout se prémunir du " politically correct ". Ducornet y a patiemment recueilli ce qui se dit majoritairement dans les universités américaines, dès que le mot surréalism est prononcé. Au peloton d'exécution, passent toutes les modes universitaires américaines - et elles sont nombreuses - qui ont eu leur - mauvais - mot à dire sur le surréalisme : féminisme (loin de la tradition des suffragettes), néo- marxisme, postmodernisme, structuralisme, déconstructivisme et j'en passe. Depuis, Ducornet garde cette haine viscérale et salutaire contre le " coffee-table book ". Il se veut toujours à contre-courant, fidèle en cela à ses principes, comme les surréalistes. Guy Ducornet ne fait pas que critiquer, encenser ou démolir. Il traduit dans les deux sens, nous fait ainsi découvrir les tracts surréalistes américains comme les romans merveilleux de Rikki. Et loin de se cantonner dans ce rôle d'intercesseur - traducteur, il est aussi un artiste avec ses passions, ses emportements, ses fidélités, ses rires… Jazzophile et jazzman, le saxophone alto est pour lui affaire de souffle vital. La découverte du jazz à la fin des années 50 lui importe autant que celle de l'éthique surréaliste. Concilier les deux permet de rester en alerte. Ne pas oublier de citer aussi l'influence du vin d'Anjou, vignoble stimulant. Collagiste et plasticien, encore trop secret, sa première exposition date de 1959 à Paris. D'autres suivront, avec Rikki ou seul, un peu partout : New York, Toronto, Bruxelles, Paris mais aussi Constantine et Alger ou Prague. D'autres voyages auront lieu pour ne pas s'enfermer. La rencontre avec le mouvement " Phases " et Édouard Jaguer en 1972 va durablement marquer son itinéraire artistique. Une activité internationaliste en découle : des expositions collectives en Amérique et en Europe, des participations à des revues dont, bien sûr, Arsenal de Chicago. Depuis 1978, Ducornet a un havre de paix dans le Val de Loire et, depuis 1991, les explorations continuent au hasard des jours et des nuits, en Anjou, à Paris ou dans le Nouveau Monde. Entre deux démolitions critiques, deux traductions inspirées, il trouve le temps de faire de la céramique, des boîtes-vitrines, des collages, des gravures et des objets à fonctionnement symbolique. Pour présenter cette autre face de Ducornet, autant reprendre les mots écrits en 1996 par l'ami de Bretagne, Jean-Claude Charbonel : " Guy Ducornet pratique une archéologie du regard. C'est en fonction de celle-ci que se trouvent posées d'entrée de jeu dans sa peinture les questions de l'identité et de la mémoire. Il ne reconstitue pas ses voyages en chambre mais au contraire s'évade de ses propres souvenirs pour s'inventer d'autres voyages, intérieurs ceux-là. Ainsi, avec ses petits périples cadrés comme il nomme lui-même ses tableaux, Guy Ducornet contribue à l'élaboration de l'Encyclopédie imaginaire. " Guy Ducornet, par les mots comme par les objets, est un poète et un joueur viscéral. Il a publié des livres pour enfants, quelques recueils de poèmes (Silex de l'avenir, éd. Pierre Jean Oswald, Trophées en selle, éd. Traces). Avec Rikki, il a continué dans la tradition des jeux surréalistes, avec, entre 1972 et 1975, de nouveaux jeux de loto et de domino, à une sauce toute personnelle bien sûr. De toute façon, mots et images vont de pair, comme le démontre son Oblique shocks. Richard Walter, avril 2001 Extrait de la postface à Guy Ducornet, Ça va chauffer !, " Situation du Surréalisme aux U.S.A. (1966-2001) ", Éditions Talus d'approche (Collection " Libre choix "), Mons, Belgique, 2001.

1 livre de Guy Ducornet:

Oblique shocks

Oblique shocks

Guy Ducornet

8,50 €