Alaso #6

Le thème «Martyr» s'inscrit dans une terminologie abondamment investie par la théologie de la libération, la question du martyre et des martyrs, mais aussi par les mouvements de libération décoloniaux et tiers-mondistes
Dans ces pages, les autrices mettent au centre de leur réflexion des existences rendues nécessaires à l’exploitation capitaliste, patriarcale et suprémaciste, mais aussi leur résistance, leur attachement à la terre et la relation avec celle-ci, férocement combattues par ce système.
Ce numéro inaugure notre nouvelle section, «Menm Nou Menm Lan», où nous accueillons des contributions de féministes noires d’autres pays, et il nous a semblé essentiel que la première contribution vienne du Soudan. Le collectif Noon, un collectif féministe soudanais, nous éclaire d’une perspective sur la guerre au Soudan et ses liens avec les politiques globales d’exploitation, de militarisation et le racisme anti-Noir·es. Comme en Haïti et au Congo, le corps des femmes y est aussi un terrain du génocide en cours.

Ce numéro permet aussi de prendre du recul : il s'ouvre avec un résumé de l’intervention de la militante féministe Danièle Magloire lors de son séminaire au CFEGES, revenant sur l’histoire du mouvement féministe haïtien, qui a fait face au martyr et à la martyrisation tout au long de son histoire.

La revue passe la frontière avec un regard sur l’anti-haïtianisme qui est au centre de l’identité nationale et du nationalisme dominicain.

Alaso continue à être un espace pour de nouvelles voix féministes, avec les trois textes des lauréates de notre appel à contribution et leur parti pris créatif sur le thème de ce numéro : « Nos Murs de Vent » de Stéphana Dorval, « Nan Fwontyè Lespwa » de Katiana Altiné et « Pour Eliana ! » d’Emma Clésca. Enfin, nous clôturons avec une rencontre avec la chanteuse Vanessa Jeudi.

2025 a débuté comme 2024, en une année sanglante, où les perspectives de sortie de crise s’éloignent chaque jour un peu plus, et le gouffre dans lequel s’enfonce le pays semble ne pas connaître de fin. Ce numéro vise à regarder en face, mais aussi à regarder plus loin et construire non seulement l’après mais aussi la route qui y mène.